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moi je fais une découverte, c’est que les âmes ont un sexe et que tu es une femme. Croirais-tu que je n’y avais pas encore pensé ? En lisant Lélia et tes Premières Lettres d’un voyageur, je t’ai toujours vu sous l’aspect d’un jeune garçon, d’un poète enfant dont je faisais mon fils, moi dont la profonde douleur est de n’avoir pas d’enfans et qui élève ceux du premier lit de ma femme avec une tendresse mêlée de désespoir. Quand je t’ai vu réellement pour la première fois, j’ai été étonné comme si l’on ne m’avait pas dit que tu t’habilles d’une robe et que tu t’appelles d’un nom de femme dans la vie réelle. J’ai voulu garder mon rêve, t’appeler George tout court, te tutoyer comme on se tutoie sous les ombrages virgiliens, et ne te regarder à la clarté de notre petit soleil que le temps de savoir chaque jour comment se porte ton moral. Et, en vérité, je ne connais de toi que le son de ta voix, qui est sourd et qui ne me rappelle pas la flûte mélodieuse d’une voix de femme. Je t’ai donc toujours parlé comme à un garçon qui a fait sa philosophie et qui a lu l’histoire. À présent je vois bien, et tu me le rappelles, que tu as l’ambition et l’exigence des esprits incultes, des êtres de pur sentiment et de pure imagination, des femmes en un mot. Ton sentiment est, je l’avoue, un impatient logicien qui veut que la science philosophique réponde d’emblée à toutes ses fibres et satisfasse toutes ses