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idées purement politiques et les idées purement socialistes devaient creuser des abîmes entre les partisans de la démocratie. Cependant on s’entendait encore à Paris contre l’ennemi commun. On s’entendait même mieux sous ce rapport qu’on n’avait fait depuis longtemps. La phalange des avocats de province venait se ranger sur un pied d’égalité, mais avec une tendre vénération, autour d’une pléiade de célébrités, choisie d’inspiration et d’enthousiasme parmi les plus beaux noms démocratiques du barreau, de la politique et de la philosophie, de la science et de l’art littéraire : Dupont, Marie, Garnier-Pagès, Ledru-Rollin, Armand Carrel, Buonarotti, Voyer-d’Argenson, Pierre Leroux, Jean Reynaud, Raspail, Carnot, et tant d’autres dont la vie a été éclatante de dévoûment ou de talent par la suite. À côté de ces noms déjà illustres, un nom encore obscur, celui de Barbès, donne à cette réunion choisie un caractère non moins sacré pour l’histoire que ceux de Lamennais, Jean Reynaud et Pierre Leroux. Grand parmi les grands, Barbès a eu l’éclat de la vertu, à défaut de celui de la science.

J’ai dit qu’on se croyait bien d’accord au point de départ. Pour mon compte, je me crus d’accord avec Éverard et je supposais ses amis d’accord avec lui. Il n’en était rien. La plupart de ceux qu’il avait amenés de la province étaient tout au plus girondins quoiqu’ils se crussent montagnards.