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est une passion égoïste. Étends cet amour brûlant et dévoué, qui ne recevra jamais sa récompense en ce monde, à toute cette humanité qui déroge et qui souffre. Pas tant de sollicitude pour une seule créature ! Aucune ne le mérite, mais toutes ensemble l’exigent au nom de l’éternel auteur de la création ! »

Tel fut, en résumé, le thème qu’il développa dans cette série de lettres, auxquelles je répondis sous l’empire d’un sentiment modifié, depuis une certaine méfiance au point de départ jusqu’à la foi presque entière pour conclusion. On pourrait appeler ces Lettres à Éverard, qui, de ses mains, ont passé presque immédiatement dans celles du public, l’analyse rapide d’une conversion rapide.

Cette conversion fut absolue dans un sens et très incomplète dans un autre sens. La suite de mon récit le fera comprendre.

Une grande agitation régnait alors en France. La monarchie et la république allaient jouer leur va-tout dans ce grand procès qu’on a nommé avec raison le procès-monstre, bien que, par une suite brutale de dénis de justice et de violations de la légalité, le pouvoir ait su l’empêcher d’atteindre aux proportions et aux conséquences qu’il pouvait et devait avoir.

Il n’était plus guère possible de rester neutre dans ce vaste débat qui n’avait plus le caractère des conspirations et des coups de main, mais bien