Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la guillotine. Il ne pensait pas un mot de ce qu’il avait dit ; il avait horreur de la peine de mort en matière politique ; il avait voulu être logique jusqu’à l’absurde, mais il eût ri de son propre emportement, si, après les mondes que la suite de la discussion nous avait fait franchir à tous, nous eussions songé à revenir sur cette misère de quelques têtes de plus ou de moins en travers de nos opinions !

Nous étions dans le vrai en nous disant qu’Éverard n’eût pas voulu occire seulement une mouche pour réaliser son utopie. Mais Fleury n’en resta pas moins frappé de la tendance dictatoriale de son esprit, qui ne lui était apparue pour la première fois qu’en l’entendant contrecarrer par mes théories de liberté individuelle.

Et puis, fût-ce l’effet du songe allégorique qui nous avait visités tous deux, ou la sollicitude d’une amitié délicate et la crainte de m’avoir jetée sous une influence funeste, en voulant me pousser sous une influence curative ? Il est certain que le Gaulois se sentit tout à coup pressé de partir. Il m’en avait fait la promesse en montant en voiture, et il avait regretté cette promesse en arrivant à Bourges. Maintenant, il trouvait qu’on n’attelait pas assez vite. Il craignait de voir arriver Éverard pour nous retenir.

Éverard, de son côté, pensait nous retrouver là, et fut étonné de notre fuite. Moi, sans me presser avec inquiétude, mais bien résolue à