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transfiguré. Jamais parole plus éloquente n’est sortie, je crois, d’une bouche humaine, et cette parole grandiose était toujours simple. Du moins elle s’empressait de redevenir naturelle et familière quand elle s’arrachait souriante à l’entraînement de l’enthousiasme. C’était comme une musique pleine d’idées qui vous élève l’âme jusqu’aux contemplations célestes, et qui vous ramène sans effort et sans contraste par un lien logique et une douce modulation, aux choses de la terre et aux souffles de la nature.

Je n’essaierai pas de me rappeler ce dont il nous entretint. Mes Lettres à Éverard (Sixième numéro des Lettres d’un voyageur), qui sont comme des réponses réfléchies à ces appels spontanés de sa prédication, ne peuvent que le faire pressentir. J’étais le sujet un peu passif de sa déclamation naïve et passionnée. Planet et Fleury m’avaient citée devant son tribunal pour que j’eusse à confesser mon scepticisme à l’endroit des choses de la terre, et cet orgueil qui voulait follement s’élever à l’adoration d’une perfection abstraite en oubliant les pauvres humains mes semblables. Comme c’était chez moi une théorie plus sentie que raisonnée, je n’étais pas bien solide dans ma défense, et je ne résistais guère que pour me faire mieux endoctriner. Cependant j’apercevais dans cet admirable enseignement de profondes contradictions que j’eusse pu saisir au vol et que j’eusse bien fait de constater