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quelques instans, espérant qu’il se méfierait moins de moi que d’elle-même.

Je ne me rappelle pas un mot de la conversation, qui ne roula que sur des idées générales, et même, sans le secours de Rozane, qui a retenu le fait avec précision, je ne me souviendrais pas beaucoup de la conclusion que j’en tirai ; mais, grâce à elle, la voici textuellement telle que je la lui donnai quand il fut parti :

« Ce jeune homme est charmant. C’est un esprit très remarquable, et sa conscience me paraît fort tranquille. S’il voyage, s’il court le monde, ce n’est pas comme aventurier subalterne, mais comme aventurier politique, comme conspirateur. Il s’est dévoué à la fortune de la famille Bonaparte. Il croit encore à cette étoile. Il croit à quelque chose en ce monde : il est bien heureux ! »

Or, je n’avais pas trop mal deviné. Ce jeune homme était M. Fialin de Persigny.

Je reprends le récit de mon voyage en Orient, lequel n’eut lieu que dans mes rêves.

J’étais à Nohant depuis quelques jours, quand Fleury, partant pour Bourges, où Planet était établi (il y rédigeait un journal d’opposition), me proposa d’aller causer sérieusement de ma situation et de mes projets, non seulement avec ce fidèle ami, mais avec le célèbre avocat Michel, notre ami à tous.

Il est donc temps que je parle de cet homme