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malgré mes belles résolutions, à la gâter par la suite.

De son côté, Maurice faisait tout le contraire. Il ne voulait et ne savait vivre qu’avec moi. Ma mansarde était le paradis de ses rêves. Aussi, quand il fallait se séparer le soir, c’était des larmes à recommencer, et je ne me sentais pas plus de courage que lui.

Mes amis blâmaient ma faiblesse pour mes pauvres enfans et je sentais bien qu’elle était extrême. Je ne l’entretenais pas à plaisir, car elle me déchirait l’âme. Mais que faire pour la vaincre ? J’étais opprimée et torturée par mes entrailles comme je l’étais d’ailleurs par mon cœur et mon cerveau.

Planet me conseilla de prendre une grande résolution, et de quitter la France au moins pour un an.

« Votre séjour à Venise a été bon pour vos enfans, me disait-il : Maurice n’a travaillé et ne travaillera au collége qu’en vous sentant loin de lui. Il est encore faible. Solange, trop forte, subit une crise de développement physique dont vous vous tourmentez trop. En vous faisant sa victime, elle s’habitue à vous voir souffrir, et cela ne vaut rien pour elle. Vous n’avez pas de bonheur, cela est certain ; votre intérieur à Nohant n’est possible qu’à la condition d’y être comme en visite. Votre mari est aigri maintenant par votre présence, et le temps approche où il en sera irrité. Vous vous