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la portée de tous, la règle saine de l’esprit humain, celle que je me sens de plus en plus capable de suivre.

Je demande bien pardon de ce chapitre à ceux qui ne se sont jamais tourmentés des choses divines. C’est, je crois, le grand nombre ; mon insistance sur les idées religieuses ennuiera donc beaucoup de personnes ; mais je crois les avoir déjà assez ennuyées, depuis le commencement de cet ouvrage, pour qu’elles en aient, depuis longtemps, abandonné la lecture.

Ce qui, du reste, m’a mis à l’aise toute ma vie en écrivant des livres, c’est la conscience du peu de popularité qu’ils devaient avoir. Par popularité, je n’entends pas qu’ils dussent, par leur nature, rester dans la région aristocratique des intelligences. Ils ont été mieux lus et mieux compris par ceux des hommes du peuple qui portent le sentiment de l’idéal dans leur aspiration, que par beaucoup d’artistes qui ne se soucient que du monde positif. Mais, soit dans le peuple, soit dans l’aristocratie, je n’ai dû contenter, à coup sûr, que le très petit nombre. Mes éditeurs s’en sont plaints.

« Pour Dieu, m’écrivait souvent Buloz, pas tant de mysticisme ! »

Ce bon Buloz me faisait l’honneur de voir du mysticisme dans mes préoccupations ! Au reste, tout son monde de lecteurs pensait comme lui que je devenais de plus en plus ennuyeuse, et que je sortais du domaine de l’art, en communiquant