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des occasions, car cette estime de moi-même n’était pas de la vanité. J’ai quelque bon sens, et la vanité est une folie qui me fait toujours peur à voir. Ce n’était pas moi-même, à l’état de personne, que je voulais aimer et respecter ; c’était moi-même à l’état de créature humaine, c’est-à-dire d’œuvre divine, pareille aux autres, mais ne voulant pas me laisser moralement détériorer par ceux qui niaient et raillaient leur propre divinité.

Cet orgueil-là, je l’ai encore. Je ne veux pas qu’on me conseille et qu’on me persuade ce que je crois être mauvais et indigne de la dignité humaine. Je résiste avec une obstination qui n’est que dans ma croyance, car mon caractère n’a aucune énergie. Donc la croyance est bonne à quelque chose. Elle remédie parfois à ce qui manque à l’organisation.

Mais il y a un fol orgueil que l’on nourrit au dedans de soi-même et qui s’exhale de l’homme à Dieu. À mesure que nous nous sentons devenir plus intelligens, nous nous croyons plus près de lui, ce qui est vrai, mais vrai d’une manière si relative à notre misère, que notre ambition ne s’en contente pas. Nous voulons comprendre Dieu, et nous lui demandons ses secrets avec assurance. Dès que les croyances aveugles des religions enseignées ne nous suffisent plus et que nous voulons arriver à la foi par les propres forces de notre entendement, ce qui