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incomplets. Je dis, je crois qu’il faut aimer avec tout son être, ou vivre, quoi qu’il arrive, dans une complète chasteté. Les hommes n’en feront rien, je le sais ; mais les femmes, qui sont aidées par la pudeur et par l’opinion, peuvent fort bien, quelle que soit leur situation dans la vie, accepter cette doctrine quand elles sentent qu’elles valent la peine de l’observer.

Pour celles qui n’ont pas le moindre orgueil, je ne saurais rien trouver à leur dire.

Ce mot d’orgueil, dont je me suis servie beaucoup à cette époque, en écrivant, me revient maintenant avec sa véritable signification. J’oublie si parfaitement ce que j’écris, et j’ai tant de répugnance à me relire, qu’il m’a fallu recevoir, ces jours-ci, une lettre où quelqu’un se donnait la peine de me transcrire une foule d’aphorismes de ma façon, tirés des Lettres d’un voyageur, en m’adressant, à ce sujet, une foule de questions, pour me décider à prendre connaissance de mon livre, que j’avais fort oublié, selon ma coutume.

Je viens donc de relire les Lettres d’un voyageur de septembre 1834 et de janvier 1835, et j’y retrouve le plan d’un ouvrage que je m’étais promis de continuer toute ma vie. Je regrette beaucoup de ne l’avoir pas fait. Voici quel était ce plan, suivi au début de la série, mais dont je me suis écartée en continuant, et que je semble avoir tout à fait perdu de vue à la fin. Cet