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CHAPITRE VINGT-TROISIÈME.

Mort mystérieuse de Deschartres, peut-être un suicide.

Deschartres s’était logé à la place Royale. Il avait là, pour fort peu d’argent, un très joli appartement. Il s’était meublé, et paraissait jouir d’un certain bien-être. Il nous entretenait de petites affaires qui avaient manqué, mais qui devaient aboutir à une grande affaire d’un succès infaillible. Qu’était-ce que cette grande affaire ? Je n’y comprenais pas grand’chose ; je ne pouvais prendre sur moi de prêter beaucoup d’attention aux lourdes expositions de mon pauvre pédagogue. Il était question d’huile de navette et de colza. Deschartres était las de l’agriculture pratique. Il ne voulait plus semer et récolter, il voulait acheter et vendre. Il avait noué des relations avec des gens à idées, comme lui, hélas ! Il faisait des projets, des calculs sur le papier, et, chose étrange ! lui si peu bienveillant et si obstiné à n’estimer que son propre jugement, il accordait sa confiance et prêtait ses fonds à des inconnus.

Mon beau-père lui disait souvent : « Monsieur Deschartres, vous êtes un rêveur, vous vous ferez