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À ces personnes-là, je n’avais qu’une réponse à faire, qui était de leur promettre de ne leur assigner aucune part, bonne ou mauvaise, petite ou grande, dans mes souvenirs. Du moment qu’elles doutaient de mon discernement et de mon savoir-vivre dans un ouvrage tel que celui-ci, je ne devais pas songer à leur donner confiance en mon caractère d’écrivain, mais bien à les rassurer d’une manière spontanée et absolue par la promesse de mon silence.

Aucune de celles que je viens de dépeindre n’a fait à mon cœur la petite injure de se préoccuper du jugement de mon esprit. Et cependant je n’ai pas caché que quelques méprises, quelques fâcheries, ont passé entre deux ou trois d’entre elles et moi ; mais je n’ai même pas voulu examiner et juger ces mésintelligences passagères, où j’ai porté, moi, et je m’en accuse, plus de franchise que de douceur. J’ai été d’autant mieux disposée à repousser toute espèce de soupçon sur le passé qu’elles ne m’en témoignaient aucun, à moi, sur l’avenir.

Je crois décidément que les personnes qui se sont tourmentées de cette opinion ont eu grand tort, et qu’elles eussent mieux fait de se confier à mon jugement rétrospectif.