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être respectables, mais dont le résultat n’était pas bienfaisant.

Si la critique est ce quelle doit être, un enseignement, elle doit se montrer douce et généreuse, afin d’être persuasive. Elle doit ménager surtout l’amour-propre, qui, durement froissé en public, se révolte naturellement contre cette sorte d’insulte à la personne. On aura beau dire que la critique est libre et ne relève que d’elle-même, toutes choses relèvent de Dieu, qui a fait de la charité le premier de nos devoirs et la plus forte de nos armes. Si les critiques qui nous jugent sont plus forts que nous (ce qui n’arrive pas toujours), nous le sentirons aisément à leur indulgence, et les conseils enveloppés de ces explications modestes qui prouvent ont une valeur que la raillerie et le dédain n’auront jamais.

Je ne pense pas qu’il faille céder à la critique, même la plus aimable, quand elle ne nous persuade pas ; mais une critique élevée, désintéressée, noble de sentimens et de formes, doit nous être toujours utile, même quand elle nous contredit ouvertement. Elle soulève en nous-mêmes un examen nouveau et une discussion approfondie qui ne peuvent nous être que salutaires. Elle doit donc nous trouver reconnaissans quand son but est bien visiblement d’instruire le public et nous-mêmes.

C’était là certainement le but de Gustave Planche ; mais il n’en prenait pas le moyen. Il