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entraîné par je ne sais quelle fatalité de son talent, il achevait de briser ce qu’il s’était peut-être promis de ménager.

J’aurais complétement accepté ce caractère avec tous ses inconvéniens et tous ses dangers si j’avais trouvé juste et concluant le point de vue où il se plaçait, en tant que critique. La différence de mon sentiment sur les œuvres d’art que je défendais quelquefois contre ses anathèmes ne m’eût pas empêchée de regarder la sobriété et la sévérité de ses appréciations comme des effets utiles de ses convictions raisonnées.

Mais ce que je n’approuvais pas, et ce que j’ai approuvé de moins en moins, même chez mes amis, dans l’exercice de la critique en général, c’est le ton hautain et dédaigneux, c’est la rudesse des formes, c’est, en un mot, le sentiment qui préside parfois à cet enseignement et qui en dénature le but et l’effet. Je trouvais Planche d’autant plus dans l’erreur sur ce point, que son sentiment n’était égaré par aucune personnalité méchante, envieuse ou vindicative. Il parlait de tous les vivans, au contraire, avec une grande sérénité, et même, dans la conversation, il leur rendait beaucoup plus de justice ou montrait pour eux beaucoup plus d’indulgence qu’il ne voulait en faire paraître en écrivant. C’était donc évidemment le résultat d’un système et d’une croyance qui pouvaient