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avec moi.

« Ah, oui-dà ! dit Poulette en riant, un garçon chez des nonnes ! Est-il bien petit, au moins, ce monsieur-là ? Voyons-le : s’il passe par le tour, on lui permettra d’entrer. »

Le tour est un cylindre creux tournant sur un pivot dans la muraille. Il a une seule ouverture où l’on met les paquets qu’on apporte du dehors ; on la tourne vers l’intérieur, et on déballe. Maurice se trouva fort à l’aise dans cette cage et sauta en riant au milieu des nonnes accourues pour le recevoir. Tous ces voiles noirs, toutes ces robes blanches l’étonnèrent un peu, et il se mit à crier un des trois ou quatre mots qu’il savait :

« Lapins ! lapins ! »

Mais il fut si bien accueilli, et bourré de tant de friandises, qu’il s’habitua vite aux douceurs du couvent et put s’ébattre dans le jardin sans qu’aucun gardien farouche vînt lui reprocher, comme à Ormesson, la place que ses pieds foulaient sur le gazon.

On me permit de l’avoir tous les jours. On le gâtait, et ma bonne mère Alicia l’appelait orgueilleusement son petit-fils. J’aurais voulu passer ainsi tout le carême : mais un mot de sœur Hélène me fit partir.

J’avais retrouvé cette chère sainte guérie et fortifiée au physique comme au moral. Au physique, c’était bien nécessaire, car je l’avais laissée encore une fois en train de mourir. Mais au moral, c’était superflu, c’était trop. Elle était devenue rude et comme sauvage de prosélytisme. Elle ne