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le dessin m’a paru un chef-d’œuvre. Ce type, réputé si difficile à reproduire, cette figure de femme d’une beauté si mystérieuse, même pour ses contemporains, et que le peintre estima miraculeuse à saisir dans son expression, méritait de rester à jamais dans les arts. Le fugitif sourire de la Joconde, ce rayonnement divin d’une émotion inconnue, un grand génie a su le fixer sur la toile, arrachant ainsi à l’empire de la mort un éclair de cette vie exquise que fait la beauté exquise ; mais le temps détruit les belles toiles aussi fatalement (quoique plus tardivement) qu’il détruit les beaux corps. La gravure conserve et immortalise. Un jour, elle seule restera pour attester que les maîtres et les femmes ont vécu, et tandis que les ossemens des générations ne seront plus que poussière, la triomphante Joconde sourira encore, de son vrai et intraduisible sourire, à de jeunes cœurs amoureux d’elle.

Parmi ceux de mes amis qui m’ont enseigné, par l’exemple soutenu (la meilleure des leçons), qu’il faut étudier, chercher et vouloir toujours ; aimer le travail plus que soi-même, et n’avoir pour but dans la vie que de laisser après soi le meilleur de sa propre vie, Calamatta est aux premiers rangs, et, à ce titre, il garde dans mon âme une bonne part de ce respect qui est la base essentielle de toute amitié durable.

Je dois aussi une reconnaissance particulière, comme artiste, à M. Gustave Planche, esprit