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CHAPITRE TRENTE-QUATRIÈME.

Sainte-Beuve. — Luigi Calamatta. — Gustave Planche. — Charles Didier. — Pourquoi je ne parle pas de certains autres.


Je ne crois pas interrompre l’ordre de mon récit en consacrant encore quelques pages à mes amis. Le monde de sentimens et d’idées où ces amis me firent pénétrer est une partie essentielle de ma véritable histoire, celle de mon développement moral et intellectuel. J’ai la conviction profonde que je dois aux autres tout ce que j’ai acquis et gardé d’un peu bon dans l’âme. Je suis venue sur la terre avec le goût et le besoin du vrai ; mais je n’étais pas une assez puissante organisation pour me passer d’une éducation conforme à mes instincts, ou pour la trouver toute faite dans les livres. Ma sensibilité avait besoin surtout d’être réglée. Elle ne le fut guère : les amis éclairés, les sages conseils vinrent un peu trop tard et quand le feu avait trop longtemps couvé sous la cendre pour être étouffé facilement. Mais cette sensibilité douloureuse fut souvent calmée et toujours consolée par des affections sages et bienfaisantes.