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pas appartenir à notre siècle, n’est-il pas celui du maître traduit par quelque littérateur contemporain du premier ordre ?

Non ! ces pages sont écrites par un maître moderne qui n’a ni le goût ni le temps d’écrire. Elles ont été jetées à la hâte sur le papier, dans un jour de brûlante indignation contre l’indifférence du public et de la critique en présence d’une belle copie du Jugement dernier, due à Sigalon, et que Paris était appelé à contempler au palais des Beaux-Arts, ce dont Paris ne se souciait pas le moins du monde. Ces pages, dont le maître ne veut pas seulement qu’on lui parle et qu’il craint peut-être de relire, sont signées Eugène Delacroix.

Je ne dirai pas : Que n’en a-t-il écrit beaucoup d’autres[1] ! mais bien : Que n’a-t-il pu mettre douze heures de plus dans ses journées déjà trop courtes pour la peinture ! Lui seul, je le crois, eût pu traduire son propre génie à la multitude en lui traduisant celui des maîtres tant aimés et si bien compris par lui !

Citons la conclusion ; on y verra le procédé par lequel Delacroix est devenu un peintre égal à Michel-Ange.

« On n’a pas craint d’affirmer que la vue du chef-d’œuvre de Michel-Ange corromprait le goût

  1. Il en a écrit quelques autres que la postérité recueillera très précieusement, entre autres un opuscule intitulé : Questions sur le beau.