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Un modèle d’appréciation supérieure est sous mes yeux. J’en veux rappeler un fragment pour ceux qui ne l’auraient pas sous la main.

« On ne peut nier l’impression sans cesse décroissante des ouvrages qui s’adressent à la partie la plus enthousiaste de l’esprit ; c’est une espèce de refroidissement mortel qui nous gagne par degrés, avant de glacer tout à fait la source de toute vénération et de toute poésie……………….

« Doit-on se dire que les beaux ouvrages ne sont pas faits pour le public et ne sont pas appréciés par lui, et qu’il ne garde ses admirations privilégiées que pour de futiles objets ? Serait-ce qu’il se sent pour toute production extraordinaire une sorte d’antipathie, et que son instinct le porte naturellement vers ce qui est vulgaire et de peu de durée ? Y aurait-il, pour toute œuvre qui semble par sa grandeur échapper au caprice de la mode, une condition secrète de lui déplaire, et n’y voit-il qu’une espèce de reproche de l’inconstance de ses goûts et de la vanité de ses opinions ? »

Après ce cri de douleur et d étonnement, le critique que je cite nous parle du Jugement dernier, et, sans employer aucun terme de métier, sans nous initier à aucun des procédés que nous n’avons pas besoin de connaître, occupé seulement de nous communiquer l’enthousiasme qui l’embrase, il nous jette dans la pensée la propre pensée de Michel-Ange.