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À cette lettre déchirante était jointe celle-ci, de Caroline à moi :

« Ma mère est morte le 20 mai, un an et quatre jours après mon pauvre Georges. Elle est tombée malade dans la diligence, en allant à Caen donner des représentations. Elle s’est mise au lit en arrivant, et elle ne s’est plus relevée que pour revenir à Paris, où, deux jours après, elle est morte dans nos bras. Elle a bien souffert, mais ses derniers momens ont été doux. Elle pensait à ce pauvre petit ange qu’elle allait rejoindre : vous savez comme elle l’aimait. Cet amour l’a tuée. Il y avait un an qu’elle souffrait. Elle a souffert de toutes les façons. On a été si injuste, si cruel pour elle ! Ah ! madame, dites-moi que maintenant elle est heureuse ! Je vous embrasse comme elle l’eût fait elle-même, de toute mon âme.

« CAROLINE LUGUET. »

« Le dernier livre qu’elle ait lu, c’est votre Petite Fadette. »

« 23 mai 1849.

« Chère madame Sand,

« Elle est morte, cette admirable et pauvre femme ! Elle nous laisse inconsolables. Plaignez-nous !

« RÉNÉ LUGUET. »

Maintenant, voici les détails de cette cruelle mort après une si cruelle vie. C’est Réné Luguet