Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

croix ! Il est tombé à nos pieds le 3 mai. Il a rendu sa petite âme le 16 mai, à trois heures et demie du soir.

« Pardonne-moi de t’attrister, ma chère bonne, mais je viens à toi que j’aime tant ! qui as toujours été si bonne pour moi ! Toi qui es cause (car sans toi, cela ne se pouvait pas) de ce beau voyage dans le Midi, avec mon fils ! ce voyage qui a rétabli ma santé (hélas ! trop !), qui a rendu cet enfant si joyeux, qui a rempli de plaisirs, de promenade, de soleil, sa pauvre petite existence sitôt finie !

« Je viens encore à toi pour que tu m’écrives une lettre qui donne un peu de forces à mon âme. Je te demande du secours encore une fois. Les belles paroles qui sortent de ton noble cœur, de ta haute raison, je sais bien où les prendre, mais j’y trouverai un plus grand soulagement si elles viennent de ton cœur au mien.

« Adieu, ma chère George, mon amie et mon nom chéri !

« MARIE DORVAL.

« 12 juin 1848, rue de Varennes, 2. »

Je n’ai pas voulu changer un mot, ni supprimer une ligne de cette lettre. Bien que je n’aie pas coutume de publier les éloges qu’on m’adresse, celui-ci est sacré pour moi. C’était la dernière bénédiction de cette âme aimante et croyante en dépit de tout, et cette tendre vénération pour les objets de son amitié montre les trésors de piété morale qui étaient encore en elle.