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« Et puis, quoi ? Ce Dieu-là, que vos philosophes et vos prêtres nous montrent les uns comme une idée, les autres sous la forme d’un Christ, qui me répondra qu’il soit ailleurs que dans vos imaginations ? Qu’on me le montre, je veux le voir ! S’il m’aime un peu, qu’il me le dise et qu’il me console ! Je l’aimerai tant, moi ! Cette Madeleine, elle l’a vu, elle l’a touché, son beau rêve ! Elle a pleuré à ses pieds, elle les a essuyés de ses cheveux ! Où peut-on rencontrer encore une fois le divin Jésus ? Si quelqu’un le sait, qu’il me le dise, j’y courrai. Le beau mérite d’adorer un être parfait qui existe réellement ! Croit-on que si je l’avais connu, j’aurais été une pécheresse ? Est-ce que ce sont les sens qui entraînent ? Non, c’est la soif de toute autre chose ; c’est la rage de trouver l’amour vrai qui appelle et fuit toujours. Que l’on nous envoie des saints, et nous serons bien vite des saintes. Qu’on me donne un souvenir comme celui que cette pleureuse emporta au désert, je vivrai au désert comme elle,

je pleurerai mon bien-aimé, et je ne m’ennuierai pas, je t’en réponds. »

Telle était cette âme troublée et toujours ardente, dont je gâte probablement les effusions en tâchant de les résumer et de les traduire. Car qui rendra le feu de sa parole et l’animation de ses pensées ? Ceux qui ont entendu et compris cette parole ne l’oublieront jamais !

Cet abattement ne fut que passager. Bientôt