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les écoutèrent et les accueillirent, coupables aussi de ne pas savoir les réduire à néant comme l’examen du fait et par la plus simple réflexion sur ce fait même.

Les ennemis de Mme Dorval s’emparèrent avec joie du plus odieux et du plus absurde reproche qu’on pût inventer contre cette mère martyre, à toute heure de sa vie, du déchirement de ses propres entrailles. Elle, une mauvaise mère, quand son sentiment maternel tenait de la passion et parfois du délire ! quand elle est morte elle-même à la peine ! Je raconte toute sa vie, et on verra tout à l’heure comme elle savait aimer.

Un jour qu’on rapportait, bien à tort selon moi, à Mme Dorval les plaintes de sa fille et de F……, au nombre desquelles celle-ci que Gabrielle avait été par elle maltraitée et battue, elle devint sombre et rêveuse ; puis, sans écouter les questions indélicates et cruelles qu’on lui adressait, elle s’écria :

« Ah oui ! mon Dieu, j’aurais dû la battre ! Pardonnez-moi, mon Dieu, de n’avoir pas eu ce courage-là ! »

Abreuvée de douleurs, la pauvre femme se releva de ce nouveau coup par le travail, l’affection des siens et de tendres soins pour sa plus jeune fille, Caroline, un bel enfant blond et calme, dont la santé, longtemps ébranlée, lui avait causé de mortelles angoisses. Au lieu de la seconder et d’adopter l’enfant malade, comme celui qui avait le besoin et le droit d’être l’enfant