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Dorval m’avait dit sur son compte avait été celui-ci :

« Il a un peu de talent, très peu de courage, et une santé perdue. »

Il suffisait, en effet, de le voir, pour remarquer sa toux sèche, sa maigreur extrême et le profond abattement de sa physionomie. La pauvre Gabrielle attribuait ces symptômes effrayans aux souffrances de la passion, et, innocente qu’elle était, ne se doutait pas que l’assouvissement de cette passion serait la mort pour tous deux.

Quant aux secours que Mme Dorval eût dû leur envoyer, dans l’état de gêne très dure et très effrayante où elle vivait elle-même, harcelée (je l’ai vu) par des créanciers qui saisissaient ses appointemens et menaçaient de saisir ses meubles, ces secours eussent été un faible palliatif. En outre, F…… avouait lui-même qu’il avait eu honte de lui faire savoir à quelles extrémités il s’était vu réduit, et cette honte se comprend de reste de la part d’un homme qui n’a tenu compte des prévisions maternelles et qui s’est fait fort d’être un soutien digne de confiance. F…… s’était montré irrité surtout de n’avoir pas inspiré cette confiance à Mme Dorval.

Malgré ce remords intérieur, F……, brisé par la perte de sa femme, aigri par sa propre souffrance et se débattant aux approches de l’agonie, s’épanchait en confidences amères. Que Dieu lui pardonne, mais elles furent coupables, ces plaintes de sa faiblesse ! Bon nombre de personnes