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Avaient-ils l’espoir de se créer des occupations à Londres ? Cet espoir ne se réalisa pas. Gabrielle n’était pas artiste, bien qu’elle eût été élevée comme une héritière eût pu l’être, avec des maîtres d’art et les conseils de vrais artistes ; mais la beauté ne suffit pas sans le courage et l’intelligence.

F…… n’était pas beaucoup mieux doué : c’était un bon jeune homme, d’une figure intéressante, capable de sentimens doux et tendres, mais très à court d’idées et trop délicat pour ne pas comprendre, s’il eût réfléchi, qu’enlever une jeune fille pauvre, sans avoir les moyens ni la force de lui créer une existence, est une faute dont on a mauvaise grâce à se draper. Il tomba dans le découragement, et la phthisie fit d’effrayans progrès. Ce mal est contagieux entre mari et femme. Gabrielle en fut envahie et y succomba en quelques semaines, en proie à la misère et au désespoir.

Le malheureux F…… revint mourir à Paris. Il reçut l’hospitalité pendant quelques jours, à Saint-Gratien, chez le marquis de Custines, et là il eut la faiblesse de se plaindre de Mme Dorval avec âcreté. Se faisant illusion sur lui-même, comme tous les phthisiques, il prétendait avoir été robuste et bien portant avant ce séjour à Londres, où les privations de sa femme et l’inquiétude de l’avenir l’avaient tué. Il se trompait complétement sur lui-même. Le premier mot que Mme