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talent très sérieux, ou, ce qui est plus rare et plus difficile à atteindre (car il y a des centaines de talens ignorés ou méconnus), il faut avoir un succès notable.

L’artiste n’arrive donc à résoudre le dur problème qu’à travers des peines infinies, et toutes ces questions d’amour-propre excessif et de jalousie puérile qu’on lui reproche de prendre trop au sérieux, cachent souvent des abîmes d’effroi ou de douleur, des questions de vie et de mort.

Ce dernier point était bien réel chez Mme Dorval. Elle gagnait tout au plus quinze mille francs et ne se reposant jamais, et vivant de la manière la plus simple, sachant faire sa demeure et ses habitudes élégantes sans luxe, à force de goût et d’adresse ; mais grande, généreuse, payant souvent des dettes qui n’étaient pas les siennes, ne sachant pas repousser des parasites qui n’avaient de droit chez elle que la persistance de l’habitude, elle était sans cesse aux expédiens, et je lui ai vu vendre, pour habiller ses filles ou pour sauver de lâches amis, jusqu’aux petits bijoux qu’elle aimait comme des souvenirs et qu’elle baisait comme des reliques.

Récompensée souvent par la plus noire ingratitude, par des reproches qui étaient de véritables blasphèmes dans certaines bouches, elle se consolait dans l’espoir du bonheur de ses filles : mais l’une d’elles brisa son cœur.

Gabrielle avait seize ans ; elle était d’une