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je ? Eh bien ! j’ai souvent des tirades entières dont je ne trouve pas un seul mot possible et que je voudrais improviser d’un bout à l’autre, si on me laissait faire. »

Mais il y avait toute une entrée en matière dans les premières scènes de ses rôles, où, quelque vrais et bien écrits qu’ils fussent, ses défauts ressortaient plus que ses qualités. Ceux qui la connaissaient ne s’en inquiétaient pas, sachant que le premier éclair qui jaillirait d’elle amènerait l’embrasement du public. Ses ennemis (tous les grands artistes en ont beaucoup et de très acharnés) se frottaient les mains au début, et les gens sans prévention qui la voyaient pour la première fois, s’étonnaient qu’on la leur eût tant vantée ; mais, dès que le mouvement se faisait dans le rôle, la grâce souple et abandonnée se faisait dans la personne ; dès que le trouble arrivait dans la situation, l’émotion de l’actrice creusait cette situation, jusqu’à l’épouvante, et quand la passion, la terreur ou le désespoir éclataient, les plus froids étaient entraînés, les plus hostiles étaient réduits au silence.

J’avais publié seulement Indiana, je crois, quand, poussée vers Mme Dorval par une sympathie profonde, je lui écrivis pour lui demander de me recevoir. Je n’étais nullement célèbre, et je ne sais même pas si elle avait entendu parler de mon livre. Mais ma lettre la frappa par sa sincérité. Le jour même où elle l’avait reçue,