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complément de l’autre. S’il en était autrement, les hommes fuiraient les femmes, et réciproquement, quand l’âge des passions finit, tandis qu’au contraire, le principal élément de la civilisation humaine est dans leurs rapports calmes et délicats.

Malgré cette disposition que je n’ai jamais voulu nier, trouvant qu’à la nier il y avait hypocrisie mal entendue et déraison complète ; malgré mon éloignement à écouter les confidences de femmes, qui sont rarement vraies, et souvent insipides ; malgré ma préférence pour la corde plus franche et plus pleine que les hommes font vibrer dans mon esprit, j’ai connu et je connais plusieurs femmes qui, vraiment femmes par la sensibilité et la grâce, m’ont mis le cœur et le cerveau complétement à l’aise, par une candeur véritable et une placidité de caractère non pas virile, mais pour ainsi dire angélique.

Telle n’était pourtant pas Mme Dorval. C’était le résumé de l’inquiétude féminine arrivée à sa plus haute puissance. Mais c’en était aussi l’expression la plus intéressante et la plus sincère. Ne dissimulant rien d’elle-même, elle n’arrangeait et n’affectait rien. Elle avait un abandon d’une rare éloquence ; éloquence parfois sauvage, jamais triviale, toujours chaste dans sa crudité et trahissant partout la recherche de l’idéal insaisissable, le rêve du bonheur pur, le ciel sur la terre. Cette intelligence supérieure, inouïe de