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CHAPITRE TRENTE-DEUXIÈME.

Madame Dorval.


J’étais liée depuis un an avec Mme Dorval, non pas sans lutte avec plusieurs de mes amis, qui avaient d’injustes préventions contre elle. J’aurais beaucoup sacrifié à l’opinion de mes amis les plus sérieux, et j’y sacrifiais souvent, lors même que je n’étais pas bien convaincue ; mais pour cette femme, dont le cœur était au niveau de l’intelligence, je tins bon, et je fis bien.

Née sur les tréteaux de province, élevée dans le travail et la misère, Marie Dorval avait grandi à la fois souffreteuse et forte, jolie et fanée, gaie comme un enfant, triste et bonne comme un ange condamné à marcher sur les plus durs chemins de la vie. Sa mère était de ces natures exaltées qui excitent de trop bonne heure la sensibilité de leurs enfans. À la moindre faute de Marie, elle lui disait : « Vous me tuez, vous me faites mourir de chagrin ! » Et la pauvre petite, prenant au sérieux ces reproches exagérés, passait des nuits entières dans les larmes, priant