Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

était encore une grande petite fille, mais dont l’adorable caractère m’inspirait une prédilection qui devint avec le temps de l’amitié sérieuse ; Tonine Du Plessis, la seconde fille de ma mère Angèle, qui était encore un enfant, et qui devait mourir comme Félicie dans la fleur de l’âge, c’étaient là mes compagnes préférées. Nous organisions des parties de jeu de toutes sortes, depuis le volant jusqu’aux barres, et nous inventions des règles qui permettaient même à ceux qui, comme Maurice, marchaient encore à quatre pattes, de prendre une part active à l’action générale. Puis c’étaient des voyages, voyages véritables, en égard aux courtes jambes qui nous suivaient, à travers le parc et les immenses jardins. Au besoin les plus grands portaient les plus petits, et la gaîté, le mouvement ne tarissaient pas. Le soir, les grandes personnes étant réunies, il arrivait souvent que beaucoup d’entre elles prenaient part à notre vacarme ; mais quand elles en étaient lasses, ce qui arrivait bien vite, nous avions la malice de nous dire entre nous que les dames et les messieurs ne savaient pas jouer et qu’il faudrait les éreinter à la course le lendemain pour les en dégoûter.

Mon mari, comme beaucoup d’autres, s’étonnait un peu de me voir redevenue tout à coup si vivante et si folle, dans ce milieu qui semblait si contraire à mes habitudes mélancoliques ; moi seule et ma bande insouciante ne nous en étonnions