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trop oublié l’anglais pour faire l’effort de le parler avec eux, ceux qui ne parlent pas trois mots de français me parlent dans leur langue, je leur réponds dans la mienne. Ils ne comprennent pas, ils font oh ! et s’en vont satisfaits. Comme je sais que quelques-uns ont un carnet et un crayon tout taillé pour écrire les réponses, même avant de remonter en voiture, de crainte de les oublier, je me suis amusée quelquefois à leur répondre aussi par oh ! ou à leur dire des choses si inintelligibles, quand leur figure m’ennuyait, que je les défie bien d’en avoir retenu quelque chose. Il est vrai qu’il y a le curieux trop intelligent qui vous fait parler et vous prête des mots.

Il y a aussi le curieux malveillant, qui vient avec l’intention de vous confesser, et qui s’en va tout à fait ennemi quand il n’a pu vous arracher que des réflexions sur la pluie et le beau temps.

Il y a encore les poseurs, qui entrent chez vous pour vous faire savoir qu’ils vous valent bien, et que vous n’avez pas de temps à perdre si vous voulez corroborer un peu votre futile talent à l’aide de leur expérience et de leur puissante raison. Ils vous donnent des sujets de roman, des types, de situations de théâtre. Enfin, ce sont des riches prodigues qui ont de la bienveillance pour vous et qui viennent vous faire l’aumône d’une idée.

On ne peut pas se figurer les excentricités,