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lettres quand elles ne sont pas impossibles à déchiffrer, quand elles ne sont pas de seize pages en caractères microscopiques. J’ai la conscience de commencer toutes les élucubrations philosophiques, musicales et littéraires, et de les continuer quand je ne suis pas révoltée à la première page par des fautes trop grossières ou des aberrations trop révoltantes.

Quand je vois une ombre de talent, je mets à part et je réponds. Quand j’en vois beaucoup, je m’en occupe tout à fait. Ces derniers ne me donnent pas grande besogne : mais la médiocrité honnête est encore assez abondante pour me prendre bien du temps et me causer bien de la fatigue. Le vrai talent ne demande jamais rien : il offre et donne un pur témoignage de sympathie. La médiocrité honnête ne demande pas d’argent, mais des complimens sous forme d’encouragement. La médiocrité plate, à un degré au-dessous, commence à demander des éditeurs ou des articles de journaux. La stupidité demande, que dis-je, elle exige impérieusement l’argent et la gloire !

Ajoutez à cette persécution les lettres anonymes remplies d’injures grossières ; les entreprises, souvent aussi cyniques, des saints et des saintes qui veulent me faire rentrer dans le giron de l’Église ; les curés qui m’offrent de racheter mon âme en leur envoyant de quoi réparer une chapelle ou habiller une statue de la Vierge ; les