choses, commandant à tout le monde, et n’ayant pour me contrôler que des femmes, car votre père ne s’est jamais mêlé de rien. Votre mari ne m’a donné aucun déplaisir, parce qu’il ne s’est pas occupé de ma gestion. À présent qu’elle est finie, c’est moi qui le fâcherais malgré moi par mes critiques et mes contradictions. Je m’ennuierais de n’avoir rien à faire, je me dépiterais de ne pas être écouté : et puis, je veux agir et commander pour mon compte. Vous savez que j’ai toujours eu le projet de faire fortune, et je sens que le moment est venu. »
L’illusion tenace de mon pauvre pédagogue pouvait être encore moins combattue que son appétit de domination. Il fut décidé qu’il quitterait Nohant à la Saint-Jean, c’est-à-dire au 24 juin, terme de son bail. Nous partîmes avant lui pour Paris, où, après quelques jours passés au Plessis chez nos bons amis, je louai un petit appartement garni hôtel de Florence, rue Neuve-des-Mathurins, chez un ancien chef de cuisine de l’empereur. Cet homme, qui se nommait Gaillot, et qui était un très honnête et excellent homme, avait contracté au service de l’en cas une étrange habitude, celle de ne jamais se coucher. On sait que l’en cas de l’empereur était un poulet toujours rôti à point, à quelque heure de jour et de nuit que ce fût. Une existence d’homme avait été vouée à la présence de ce poulet à la broche, et Gaillot, chargé de le surveiller,