Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

farouche, que troublaient seuls les cris aigres des martinets autour des combles de Notre-Dame. Puis tout à coup les oiseaux éperdus rentrèrent au sein des vieilles tours, les soldats reprirent leurs fusils qui brillaient en faisceaux sur les ponts. Ils reçurent des ordres à voix basse. Ils s’ouvrirent pour laisser passer des bandes de cavaliers qui se croisèrent, les uns pâles de colère, les autres brisés et ensanglantés. La population captive reparut aux fenêtres et sur les toits, avide de plonger du regard dans les scènes d’horreur qui allaient se dérouler au delà de la Cité. Le bruit sinistre avait commencé. Deux feux de peloton sonnaient le glas des funérailles à intervalles devenus réguliers. Assise à l’entrée du balcon, et occupant Solange dans la chambre pour l’empêcher de regarder dehors, je pouvais compter chaque assaut et chaque réplique. Puis le canon tonna. À voir le pont encombré de brancards qui revenaient par la Cité en laissant une traînée sanglante, je pensai que l’insurrection, pour être si meurtrière, était encore importante ; mais ses coups s’affaiblirent ; on aurait presque pu compter le nombre de ceux que chaque décharge des assaillans avait emportés. Puis le silence se fit encore une fois, la population descendit des toits dans la rue ; les portiers des maisons, caricatures expressives des alarmes de la propriété, se crièrent les uns aux autres d’un air de triomphe : C’est fini ! et les vainqueurs qui