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au jardin du Luxembourg avec Solange, vers la fin de la journée. Elle jouait sur le sable, je la regardais assise derrière le large socle d’une statue. Je savais bien qu’une grande agitation devait gronder dans Paris ; mais je ne croyais pas qu’elle dût sitôt gagner mon quartier : absorbée, je ne vis pas que tous les promeneurs s’étaient rapidement écoulés. J’entendis battre la charge, et, emportant ma fille, je me vis seule de mon sexe avec elle dans cet immense jardin, tandis qu’un cordon de troupes au pas de course traversait d’une grille à l’autre. Je repris le chemin de ma mansarde au milieu d’une grande confusion et cherchant les petites rues, pour n’être pas renversée par les flots de curieux qui, après s’être groupés et pressés sur un point, se précipitaient et s’écrasaient, emportés par une soudaine panique. À chaque pas, on rencontrait des gens effarés qui vous criaient :

« N’avancez pas, retournez, retournez ! La troupe arrive, on tire sur tout le monde. »

Ce qu’il y avait jusque-là de plus dangereux, c’était la précipitation avec laquelle on fermait les boutiques au risque de briser la tête à tous les passans. Solange se démoralisait et commençait à jeter des cris désespérés. Quand nous arrivâmes au quai, chacun fuyait en sens différent ; j’avançai toujours, voyant que le pire c’était de rester dehors, et j’entrai vite chez moi sans prendre le temps de voir ce qui se passait, sans même avoir peur, n’ayant encore jamais