Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

a vingt ans, je vis, au jour le jour, de ce nom qui protége mon travail, et de ce travail dont je ne me suis pas réservé une obole. Je ne sens pas que personne ait un reproche à me faire, et, sans être fière de quoi que ce soit (je n’ai fait que mon devoir), ma conscience tranquille ne voit rien à changer dans le nom qui la désigne et la personnifie.

Mais avant de raconter ces choses littéraires, j’ai encore à résumer diverses circonstances qui les ont précédées.

Mon mari venait me voir à Paris. Nous ne logions point ensemble, mais il venait dîner chez moi et il me menait au spectacle. Il me paraissait satisfait de l’arrangement qui nous rendait, sans querelles et sans questions aucunes, indépendans l’un de l’autre.

Il ne me sembla pas que mon retour chez moi lui fût aussi agréable. Pourtant je sus faire supporter ma présence, en ne critiquant et ne troublant rien des arrangemens pris en mon absence. Il ne s’agissait plus pour moi d’être chez moi, en effet. Je ne regardais plus Nohant comme une chose qui m’appartient. La chambre de mes enfans et ma cellule à côté étaient un terrain neutre où je pouvais camper, et si beaucoup de choses me déplaisaient ailleurs, je n’avais rien à dire et ne disais rien. Je ne pouvais me plaindre à personne de la démission que j’avais librement donnée. Quelques amis pensèrent que j’aurais