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Rien ne remplace ce fonds-là. J’ai douze enfans. J’ai mis tous mes enfans au collége. Il n’y en a pas un qui ait votre précocité de jugement, mais ils sont tous capables de se tirer d’affaire dans les diverses professions que la jeunesse peut choisir ; tandis que vous, vous êtes forcé d’être artiste et rien autre chose. Or, si vous échouez dans l’art, vous regretterez beaucoup de n’avoir pas reçu l’éducation commune. »

J’étais persuadée que ce brave homme n’était pas la dupe de mon déguisement et qu’il s’amusait avec esprit à me pousser dans mon rôle. Cela me faisait l’effet d’une conversation de bal masqué, et je me donnais si peu de peine pour soutenir la fiction, que je fus fort étonnée d’apprendre plus tard qu’il y avait été de la meilleure foi du monde.

L’année suivante, M. Dudevant me présenta François Rollinat, qu’il avait invité à venir passer quelques jours à Nohant, et à qui je demandai d’interroger son père sur un petit bonhomme avec lequel il avait causé avec beaucoup de bonté à la première et dernière représentation de la Reine d’Espagne.

« Eh ! précisément, répondit Rollinat, mon père nous parlait l’autre jour de cette rencontre à propos de l’éducation en général. Il disait avoir été frappé de l’aisance d’esprit et des manières des jeunes gens d’aujourd’hui, d’un entre autres, qui lui avait parlé de toutes choses comme un petit docteur, tout en lui avouant qu’il