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des excuses à son oubli, et le juger avec d’autant plus de générosité qu’il en eût paru digne par sa générosité même.

J’écrivais, il y a sept ans, aux premières pages de ce récit :

« Comme nous sommes tous solidaires, il n’y a point de faute isolée. Il n’y a point d’erreur dont quelqu’un ne soit la cause ou le complice, et il est impossible de s’accuser sans accuser le prochain, non pas seulement l’ennemi qui nous dénonce, mais encore parfois l’ami qui nous défend. C’est ce qui est arrivé à Rousseau, et cela est mal. »

Oui, cela est mal. Après sept ans d’un travail cent fois interrompu par des préoccupations générales et particulières qui ont donné à mon esprit tout le loisir de nouvelles réflexions et tout le profit d’un nouvel examen, je me retrouve vis-à-vis de moi-même et de mon ouvrage dans la même conviction, dans la même certitude. Certaines confidences personnelles, qu’elles soient confession ou justification, deviennent, dans des conditions de publicité littéraire, un attentat à la conscience, à la réputation d’autrui, ou bien elles ne sont pas complètes et par là elles ne sont pas vraies.

Tout ceci établi, je continue. Je retire à mes souvenirs une portion de leur intérêt, mais il leur restera encore assez d’utilité, sous plus d’un rapport, pour que je prenne la peine de les écrire.