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de rancune ou de haine, je n’ai traduit personne à la barre de l’opinion. Je n’ai pas voulu le faire là où les gens les plus purs et les plus sérieux s’en attribuent le droit : en politique. Je ne suis pas née pour ce métier d’exécuteur, et si j’ai refusé obstinément d’entrer dans ce fait de guerre générale, par scrupule de conscience, par générosité ou débonnaireté de caractère, à plus forte raison ne me démentirai-je pas quand il s’agira de ma cause isolée.

Et qu’on ne dise pas qu’il est facile d’écrire sa vie quand on en retranche l’exposé de certaines applications essentielles de la volonté. Non, cela n’est pas facile, car il faut prendre franchement le parti de laisser courir des récits absurdes et de folles calomnies, et j’ai pris ce parti-là, en commençant cet ouvrage. Je ne l’ai pas intitulé mes Mémoires, et c’est à dessein que je me suis servi de ces expressions : Histoire de ma vie, pour bien dire que je n’entendais pas raconter sans restriction celle des autres. Or, dans toutes les circonstances où la vie de quelqu’un de mes semblables a pu faire dévier la mienne propre de la ligne tracée par sa logique naturelle, je n’ai rien à dire, ne voulant pas faire un procès public à des influences que j’ai subies ou repoussées, à des caractères qui, par persuasion ou par persécution, m’ont déterminée à agir dans un sens ou dans l’autre. Si j’ai flotté ou erré, j’ai, du moins, la grande consolation d’être