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Mon silence sera indulgence ou respect, oubli ou déférence, je n’ai pas à m’expliquer sur ces causes. Elles seront de diverses natures probablement, et je déclare qu’on ne doit rien préjuger pour ou contre les personnes dont je parlerai peu ou point.

Toutes mes affections ont été sérieuses, et pourtant j’en ai brisé plusieurs sciemment et volontairement. Aux yeux de mon entourage, j’ai agi trop tôt ou trop tard, j’ai eu tort ou raison, selon qu’on a plus ou moins bien connu les causes de mes résolutions. Outre que ces débats d’intérieur auraient peu d’intérêt pour le lecteur, le seul fait de les présenter à son appréciation serait contraire à toute délicatesse, car je serais forcée de sacrifier parfois la personnalité d’autrui à la mienne propre.

Puis-je, cependant, pousser cette délicatesse jusqu’à dire que j’ai été injuste en de certaines occasions pour le plaisir de l’être ? Là commencerait le mensonge. Et qui donc en serait dupe ? Tout le monde sait, du reste, que, dans toute querelle, qu’elle soit de famille ou d’opinion, d’intérêt ou de cœur, de sentiment ou de principes, d’amour ou d’amitié, il y a des torts réciproques, et qu’on ne peut expliquer et motiver les uns que par les autres. Il est des personnes que j’ai vues à travers un prisme d’enthousiasme, et vis-à-vis desquelles j’ai eu le grand tort de recouvrer la lucidité de mon jugement. Tout ce