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CONCLUSION Je n’avais pas eu de bonheur dans toute cette phase de mon existence. Il n’est de bonheur pour personne. Ce monde-ci n’est pas établi pour une stabilité de satisfactions quelconques. J’avais eu des bonheurs, c’est-à-dire des joies, dans l’a- mour maternel, dans l’amitié, dans la réflexion et dans la rêverie. C’était bien assez pour remercier le Ciel. J’avais goûté les seules douceurs dont je pusse avoir soif. Quand je commençai à écrire le récit que je suspends ici, je venais d’être abreuvée de douleurs plus profondes encore que celles que j’ai pu raconter. J’étais cependant calme et maîtresse de ma volonté, en ce sens que, mes souvenirs se pressant devant moi sous mille facettes qui pouvaient être différentes à mon appréciation, je sentis ma conscience assez saine et ma religion assez bien établie en moi-même pour m’aider à saisir le vrai jour dont le passé devait s’éclairer à mes propres yeux. Maintenant que je vais fermer l’histoire de ma vie à cette page, c’est-à-dire plus de sept ans après en avoir tracé la première page, je suis encore sous le coup d’une épouvantable douleur personnelle. Ma vie, deux fois ébranlée profondément, en 1847 et en 1855, s’est pourtant défendue de l’attrait de la tombe; et