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HISTOIRE DE MA VIE 87

plus que toi. — N'est-ce pas toi qui as été toujours con- traire à mon désir de quitter Dupont et de rentrer dans la ligne? A pi'ésent tu reconnais que je suis dans un cnl-de- sac; mais il e.-t trop tard. Il faut maintenant obtenir cela comme mie faveur spéciale de Sa Majesté. La faveur et moi ne faisons guère roule ensemble. Tu dis qu'on m'a desservi, c'est possible, mais je ne sais pas qui, je ne méconnais pas d'ennemis, et si j'en ai, ce nVst pas ma faute. Voilà cî que ma conscience peut jurer devant Dieu et devant toi.

Au milieu de tout cela, on ne retrouve point Octive. Il est certain maintenant qu'on l'a assassiné, mais aucun indice! Son père est au désespoir, et moi dans un chagrin affreux. C'est bien là pour une famille un autre malheur qu'une disgrâce de cour! On dit que, pour accepter son sort, il faut toujours regarder au-dessous de soi. C'est une vilaine maxime, et qui semble nous dire que notre consola- tion est dans la désolation des autres!

Il retourna à Nohant et y pas_<a encore six semaines sans que le fatal aveu pût passer de son cœur à srs lèvres: mais son secret fut deviné, car vers la fin di; brumaire an XUI (novembre 180 i)» en même temps qu'il revenait à Paris, sa mère écrivait au maire du cinquième arrondis- sement :

« Une mère, monsieur, n'aura pas sans doute besoin de justiHcr auprès de vous le litre avec lequel elle se présente pour soUiciler voire attention.

» J'ai de fortes raisons pour craindre que mon lils uni- que ne se soit récemment marié à Paris sans mon con- sentement. Je suis veuve; il a vingt-six ans; il sert, il «'appelle !\l;iuiice-Fr;;nço;s-lilis;ibclh Dupin. La [crsonne ave('. laquelle il a pu contracti,'r mariage a por:é dillérents noms, celui que je crois le tien est Victoire Delaborde.