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HISTOIRE DE MA VIE 85

La réponse de l'empereur relativement au brevet de capitaine fut que toute demmde d'avancement pour tout ce qui tenait à l'état-major serait ajournre à un an. Mon père partagea la disgrâce commune et n'alla pourtant pas souhaiter la fête à sa mère; cette fois ce fut bien malgré lui. Jl eut une fièvre scarlatine assez violente, durant laquelle il paraît qu'il s'affecta beaucoup de la disparition du jeune Octave de Ségur, qu'il aimait particulièrement. Celte histoire est mystérieuse et romanesque. Octave était sous-préfet à Soissons, il vint passer quelques jours à Paris, en repartit un matin et resta plusieurs années sans qu'on entendît parler de lui. Plus tard il se briàla la cer- velle. Un amour malheureux fut la cause de cette fuite et de ce suicide. Mon père a fait sur f-on absence une romance très-remarquable comme musique, et dont les paroles commencent ainsi :

Octave, de te retrouver

Ne reste-t-il plus d'espérance?

C'est le seul morceau de musique qui me soit resté de lui. Son opéra iVElizènc, qui l'avait tant occupé et t;int pas-ionné, a disparu jusqu'au dernier feuillet; mais la romance dont je parle me prouve qu'il avait de véritables idées musicales

Pendant la maladie de Maurice, René écrivait à ma grand'mère pour la rassurer, et il lui échappait quelques indiscrétions involontaires sur ma naissance, dont il la croyait informée. 11 n'est point question du mariage dans ces lettres ; je ne pense pas qu'il en eût reçu la confi- dence, mais il attribue à la persévérance de l'attachement de Maurice pour Sophie le peu de succès de ses démarches pour son avancement. Cela ne me paraît pas prouvé, car mon père était compris dans une mesure de disgrâce géné- rale concernant les états-majors. S'il est vrai qu'il eût pu