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78 HISTOIRE DE MA VIE

moyens d'éluder les actes respectueux, et le cas d'absence avait été rendu fcéquem nient et facile:nent supposable par l'émigration. C'était un moment de transition entre l'an- cien ne Suciété et la nouvelle, et les rouages des lois civiles ne fonctionnaient pas avec régularité. Je ne rapporterai pa? les détails, pour ne pas ennuyer le lecteur par des points de droit fort arides, bien que j'aie toutes ks pièces sous les yeux. Certainenirnt il y eut absence ou insuffisance de certaines formalités qui seraient indispensables aujourd'hui, et qui ajparemment n'é aient pas jugées alors d'une im- portance absolue.

Ma mère était au moral un exjmple de cette situaiion transitoire. Tout ce qu'elle avait compris de l'acte civil de son mariage, c'est qu'il assurait la légitimité de ma nais- sance. Elle était pieuse et le fut toujours, sans aller jusqu'à la dévotion ; mais ce qu'elle avait cru dans son enfance, l'Ile devait le croire foute sa vie, sans s'inquiéter des lois civiles et sans penser qu'un acte piir-devant le citoyen mu- nicipal pût remplacer un sacemont. Elle ne se fit donc pas scrupule des irrégularités qui facilitèrent son mariage civil, mais elle le porta si loin quand il fut question du mariige relig'eux, que ma grand'incre, malgré ses répu- gnances, fut obligée d'y assister. Cela eut lieu plus tard, comme je le dirai.

Jusque-là ma mère ne se crut point complice d'un acte de rébellion envers la mère de son mari; (t quand on lui disait qu3 macldnie Dupin était fort irritée contre elle, elle avait coutume de répondre : « Vraiment, c'est bien in- juste, et elle ne me connaît g[wve ; dites-lui donc que je n'épouserai jamais son fils à l'églisj tant qu'elle ne le vou- dra pas. »

Mon jère, voyant qu'il no vaincrait jamais ce préjugé naïf et rcspeclablc, croyance vraie au fond, car, à moins de nier Dieu, il faut vouloir que la pensée de Dieu inler-