Page:Sand - Histoire de ma vie - tome 2.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

76 HIStOIRE DE MA VIE

la des criplioii extérieure du personnage que l'on met en scène, et je l'ai fait dès le premier mot qui me concerne, afin de me débarrasser complètement de celte puér.Lté dans tOLil le cours de mon récit ; j'aurais pout-ê're pu ne pas m'en occuper du tout ; j'ai consulté l'usage, et j'ai vu que des hommes très-séripux, en racontant leur vie, n'o- vaient pas cru devoir s'y soustraire. Il y aurait donc eu peut-être une apparence de prétention à ne pas payer cette petite dette à la curiosité sauvent un peu niaise du lecteur.

Je désire pourtant qu'à l'avenir on se dérobe à cett-i . exigence des curieux, et que si on est absolument forcé de tracer son portrait, on se borne à copier sur son passe-port le signalement rédigé par le commissaire de police de son quartier, dans un style qui n'a rien d'emphatique ni de compromettant. Voici le mien : yeux noirs, cheveux noirs, front ordinaire, teint pâl% nez bien fait, menton rond, bouche moyenne, tailla quatre pieds dix pouces, signes particuliers, aucun.

Mais justement, à ce propos, je dois dire ici une circons- tance assez bizirre ; c'est qu'il n'y a pas plus de deux ou trois ans que je sais positivement qui je suis. J'ignore quels motifs ou quelles rêveries portèrent plusieurs personnes, qui prétendaient m'avoir vue iiattrc^ h. me dire que, pour des raisons de famille faciles à deviner dans un nv,îriage secret, on ne m'avait pas altribué légalement mon âge véritable. Selon cette version, je serais née à Madrid, ci 1802 ou 1803, et l'acte de naissance qui porte moii nom aur.dt été, en réalité, celui d'un autre enfant né depuis, et mort peu de ti^nps après.

Comme les registres de l'état civil n'avaient pas encore acquis à cette époque la rigoureuse exactitude que l'habi- lU'le de la législation nouvelle li'ur a donnée d'puis, comme dans It; mariage de mon père il y eut en elïet 'ies irn'gularités singulières dont je vais bientôt parler et qu'il