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HISTOIRE DE MA VIE 75

blement, ne point marcher dans de bons gros sabots de peur de se déformer Je cou-;ic-p:cd, porter des gants, c'csl- à-dirc renoncer à l'aclrcssa cl à la force de ses mains, se condamner à une éternelle gauclirrie, à une éternelle dé- bilité, ne jamais se fatiguer quand tout nous commande de ne point nous épargner, vivre enfin ^ous une cloche pour ti'ôLre ni Imlcj, ni gercée, ni fléiric avant Page, voilà ce qu'il me fut lonjours impossible d'observer. Ma grand'mère renchérissait encore sur les réprimandes de ma mère, et le chapitre des chapeaux et des gants fit le désespoir de mon enfance ; mais, quoique je ne fusse pas volontairement re- belle, la contrainte ne put m'atteindre. Je n'eus qu'un instant de fraîcheur et jamais de beauté. Mes traits étaient cependant asï^ez bien formés, mais je ne songeai jamais à leur donner la moindre expression. L'habitude contractée, presque des le berceau, d'une rêverie dont il me serait impossible de me rendre compte à moi-même, me donna de bonne heure Vair bêle. Je dis le mot tout net, \R\xe que toute ma vie, dans l'enfance, au couvent, dans l'inti- mité de la famille, o:i me l'a dit do même, et qu'il faut bien que c^la soit vrai.

Somme toute, avec des cheveux, des yeux, des dents et aucune difformité, je ne fus ni laide ni belle dans ma jeu- nesse, avantage que je considère comme sérieux à mon point de vue, car la laideur inspire des préventions dans un sens, la beauté dans un autre. On attend trop d'un exlérii'ur brillant, on sa UK'lie trop d'un extérieur qui re- pousse. Il vaut mieux avoir une bonne ligure qui n'é- blouit et n'elTraye personne, et je m'en suis bien trouvée avec mes amis des deux sexes.

J'ai })arlé de m;i figure, afin de n'avoir plus du tout à en parler. Dans le récit de la vii; d'une femnie, ce chapitre, menaçant de se prolonger indétinimont, pourrait effrayer le lecteur; je me suis conformée à l'usage, ^ui est défaire