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HISTOIRE DE MA VIE 6.

éléments. Que serait-ce si, tout essoufflé, tout prêt à ren- dre son dîner ou l'ayant déjà rendu, il était par pitié dé- barqué et lancé à cheval dans la plaine? si alor* j'allais lui parler d'un changement de front, d'un inverse en ba- taille, d'un en avant par divisions pour former la colonne serrée, d'un rompez en arrière par la dioile pour marcher vers la gauche, d'une retraite par bataillons, par sections, par échelons? où en serait-il, grand Dieu? Et si au milieu de celte bataille ton cheval rétif ou ramingue allait se cabrer au feu, faire la pointe, la ruade, et enfin s'encapu- chant parce qu'il n'aurait pas tenu assez les jambes près et la main haute, le faisait sauter par-dessus les oreilles et le laissait étendu dans les terres labourées ? Eh bien, mon- sieur le grammairien, monsieur le puriste, comment vous tirericz-vous de là? Est-ce Despautère, Vaugelas, Lhomond ou Bistac que vous appelleriez à votre aide? consuUeritz- vous en pareil cas le rudiment ou la rhétorique? Vous n'auriez pas besoin de beaucoup chercher pour reconnaître que vous avez perdu le centre de gravité, et que vous êtes un butor, entendez-vous, maître Deschartres ?

Quand il aura avoué qu'il n'est qu'un Vadius, tu lui tire- ras les oreilles et tu lui diras que je l'embrasse de tout mon cœur

LETTRE VII

Au Fayel, 12 prairial.

Nous sonmies bien affairés ici. Nous avons eu la visite du minisire de la guerre, qui nous a fait manœuvrer tout le camp de Montreuil en ligne. Dupont, comme le plus an- cien général de division, commandait la ligne, ce qui m'a