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HISTOIRE DE MA VIE 55

» comme il était de l'état major de Macdonald , il ne l'a » pas quitté. 11 m'a juré que ledit Philippe n'avait jamais t> entendu tirer un coup de fusil. 11 est pourtant capitaine » et de la Légion d'honneur. Aussi fail-il l'important, se » croit homme de guerre, et raisonne sur le métier comme » une pantoufle. On l'admire. Je l'ai un peu raillé l'autre » jour. Il disait d'un ton doctoral que les dragons mettaient » souvent pied à terre dans les batailles. Je le savais bien, » mais je prétendais que non, et je le défiais de me citer » une affaire quelconque où il eût vu cela. 11 ne comprenait ') pas et allait son Irain. Tout le monde riait, et lui seul » ne s'est pas aperçu du lardon. »

A une date postérieure, il y a dans la même correspon- dance une autre anecdote sur le même personnage que je rappiocherai de celle-ci.

Veudétniaire an XIII.

L'empereur a passé onze régiments en revue à Compiègne. Philippe, qu'on avait envoyé la veille pour faire faire les lits, n'a jamais voulu me dire en montant en voiture où il allait. 11 parais.>-ait frappé de l'importance de sa mission et s'enveloppait dans ses discours du voile du mystère. On eût dit que de sa démarche dépendait le s-ort de l'Étut. — « Mais oij vas-tu ? — Je ne puis te le dire. — Quand re- viendras-lu ? — Je n'en sais rien, en vérité ! » On pouvait croire qu'il allait courir de grands dangers. Au fait, il est revenu avant-hier, se plaignant de l'excès de ses fatigues, harassé, rendu, couvert de poussière. « Ton cheval doit être sur les dents? — Non, mon ami, je ne l'ai pas monté. — Ceux de l'empereur donc? — Encore moins. — Et de quoi es-tu si courbaturé? — C'est que j'ai monté et des- cendu les escaliers plus de cent fois. » Revenir d'une ma- nœuvre de dragons et avoir pass<!' son temps à dégringoler