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52 HISTOIRE DE MA VIE

Je profiterai de l'occasion pour faire demander par Dupont au premier consul une lieutenance dans sa garde, et comme il n'a encore jamais rien demandé pour moi, peut-être voudra-t.-il s'en charger. Mais je ne me flatte pas du bonheur de vivre à Paris et de t'y ame- ner. C'est un trop beau rêve. Je ne suis pas homme à réussir en temps de paix. Je ne suis bon qu'à donner des coups et à en recevoir; présenter des placets et obtenir des grâces n'est pas mon fait. Dupont n'est pas du tout en- thousiasmé de l'idée d'une descente en Angleterre. Soit humeur, soit défiance, il n'a pas le désir de s'en mêler. J'ai vu Masséna à Rueil le matin de mon départ pour Sddan, et il m'a presque, promis en cas de descente, que nous voguerions de compagnie. Voilà mon plan : faire la guerre ou rester à Paris, car la vie de garnison m'est odieuse.

Je crains, ma bonne mère, que celte sécheresse excessive ne te fasse souffrir. Tu es si bonne que tu ne me parles que de moi dans tes lettres, et je ne sais pas comment tu te portes

Paris, 8 fructidor an XI.

Dupont m'avait fait les plus belles promesses, il ne les a pas tenues. Pendant huit jours qu'il a passés avec le premier consul, il n'a pas trouvé une minute pour lui par- ler de moi. Caulaincourt, qui accompagnait Buonaparte à Sedan et qui m'a témoigné beaucoup d'amiiié, m'avait dit en y arrivant: « Eh bien! voilà une belle occasion pour vous faire proposer par votre général ! » En partant il a été stupéfait de l'indifférence de Dupont pour nous tous. AV>rs il s'est ouvert à moi sur les fluctuations d'idées du pre-