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HISTOIRE I>E MA VIE 51

nous devons aller à sa rencontre le 18 ou le 20. Malgré ma ficvre j'y serai à temp?. J'ignore si de son entrevue avec Dupont il résultera quelque ihose de bon pour moi. J'en Joule, je ne suis pas en veine de réussite. Depuis trois ans je suis lieutenant, et tous mes camarades sont avancés. Apparemment ils savent s'y prendre mieux que moi, car j'ai fait autant qu'eux, et plus même que cer- tains d'entre eux. Masséna m'a promis de me prendre pour son aide de camp, et je reviendrai lui rappeler sa promesse dès que j'aurai fait mon acte de présence à Sedan sous les yeux du maître.

Que ta lettre est bonne! Tous les événements de la vie me sont à peu près indifférents, pourvu que tu m'aimes et que tu ne doutes pas de moi. Aussi je m'en vais le cœur content et plus occupé de tes bontés que de mes pro- jets.

Charleville, 15 ttnTmidor (aoùl 1803).

Je suis arrivé hier; j'ai trouvé Dupont très-goguenard et fort peu touché de ma fièvre. Nous attendons Buonaparte d'un moment à l'autre. Il n'y a rien de plaisant comme la rumeur qui règne ici. On n'en ferait pas tant pour Dieu même. Les militaires se préparent à la grande revue. Les administrateurs civils composent des harangues. Les jeunes bourgeois s'éq uipent et se forment en garde d'honneur. Les ouvriers décorent partout, et le peuple baye aux mouches. Nous avons réuni à Sedan trois régiments de cavalerie et quatre demi-brigades. Nous ferons l'exercice à feu et nous manœuvrerons dans la plaine. C'est tout ce qu'il y aura de beau, car le reste est fort mesquin et ar- rangé sans goût. L'illumination du premier jour absorbera toutes les graisses et chandelles de la ville ; heureusement pour le lendemain qu'il fait (inir de lunr>.